Aurel Stoica & Marta Moldovan-Cywińska : À propos de l'anthropologie physique - qui était Czekanowski ?

Aurel Stoica : Depuis quand vous intéressez-vous à l'anthropologie physique ?
Marta Moldovan-Cywińska : Bonne question ! Pratiquement depuis mon enfance. Quand j'étais petite, j'étais souvent malade, mais je savais déjà bien lire, alors je lisais page après page le « Dictionnaire d'anthropologie physique », qui était l'un des livres les plus fascinants de mon enfance. C'est ce qui m'a amenée là où je suis aujourd'hui et à cette conversation avec vous.
AS : Quand l'humanité a-t-elle commencé à s'intéresser à l'anthropologie physique ?
MMC : Il y a relativement peu de temps, car c'est en 1859 qu'a été créée à Paris la Société d'anthropologie, grâce aux efforts du chirurgien Paul Broca, qui a été le premier à définir les tâches de l'anthropologie et à élaborer une méthodologie de recherche. Mais s'agissait-il d'un nouveau domaine de connaissance ? Oui et non. Il suffit de se référer aux écrits d'Hérodote et d'Hippocrate pour en trouver les origines.
AS : Pouvez-vous nous citer une anecdote anthropologique typiquement polonaise ?
MMC : Le fondateur de l'école anthropologique de Lvov est Jan Czekanowski, qui, avant la Première Guerre mondiale, a pris la direction du département d'anthropologie et d'ethnologie de l'université de Lvov. Saviez-vous qu'il a introduit les méthodes statistiques mathématiques en anthropologie ?
AS : Vous parlez de Lvov et des anciens confins de la Pologne... À quoi Czekanowski a-t-il appliqué ces méthodes statistiques mathématiques ?
MMC : Il les a utilisées pour comparer différentes populations humaines, pour tirer des conclusions sur leur parenté. À cette fin, il a élaboré le tableau de Czekanowski (matrice des distances et des similitudes) et le diagramme de Czekanowski (méthode de classement du tableau).
AS : Qu'est-ce que cela signifiait pour la science ?
MMC : Pouvez-vous imaginer que les travaux de Czekanowski et de ses élèves ont permis de créer la première synthèse au monde dans le domaine de l'anthropologie ethnique ? Mais nous en reparlerons peut-être une autre fois...
AS : Merci beaucoup pour cette interview.

Fot. Pixabay