
Marta Moldovan-Cywińska: Szaleństwo testologii
2025-10-18Ermance Dufaux : Savoir-vivre dans la vie ordinaire

Lorsque l'on cherche un appartement, on se demande quel problème fantastique nos architectes parisiens poursuivent, en distribuant nos maisons.
Couloirs - labyrinthes contournant les maîtresses pièces, pour aboutir à une porte d'alcôve — ou de cabinet noir; jours de souffrance percés sans vergogne sur les panneaux d'honneur; cheminées de Tétage inférieur saillant diagonalementdans le salon, de façon aménager un renfoncement où un fauteuil, — voire naême une table, — disparaît discrètement : ce sont là les moindres défis jetés au savoir-vivre du futur locataire.
Pour le couloir, qu'une porte y soit posée et qu'elle reste close devant tout visiteur. Il y a ici des compensations : si le salon est carré d'un côté et octogone de l'autre, — notre architecture admet très bien cela, — le couloir, cause du mal, est devenu débarras et recèle tant de choses, qu'il faut opérer un déménagement inlra muros^ pour parvenir aux objets les plus reculés.
Pour les jours de souffrance, on a la ressource des hauts meubles et des tableaux. Certain œil de bœuf intempestif était. si bien dissimulé par un magnifique Rubens, que le nouveau locataire ne le découvrit, au haut d'une porte, qu'en emménageant. 11 en eût raison en disposant à demeure le haut de la portière.
Une légère cloison, que l'on recouvre de tapisserie, une tenture simulant la draperie d'une porte, remédiera aussi au renfoncement, qui déshonore le panneau du salon.
Ce sont là de puérils inconvénients ; cependant les supporter serait témoigner que l'on manque de savoir-vivre.
Où le mal est plus grave, c'est lorsque le salon est commandé par une chambre à coucher. Sur Tun de nos boulevards, un vaste salon est au bout d'une enfilade de quatre pièces, — sans couloir de dégagement, bien entendu, — et cela parce que l'architecte, gêné par l'escalier, a voulu néanmoins profiter de l'encoignure, qui lui donnait quatre belles fenêtres. Inutile d'ajouter que cet appartement n'a jamais été, et ne sera jamais occupé par des Parisiens ayant l'usage du monde.
Non seulement le savoir-vivre, mais encore les convenances interdisent de passer par une chambre à coucher, pour aller au salcm. Si la pièce est étroite et que sa distribution le permette, l'on tend au fond, sur toute sa largeur, du plafond au sol, une draperie qui cache le lit. Il est bon qu'un haut et large meuble rétrécisse l'espace libre, de façon à ce que la draperie ne paraisse voiler qu'une porte battante. Cette pièce alors joue le rôle d'une antichambre ou d'une bibliothèque.
Ernance Dufaux, Le savoir-vivre dans la vie ordinaire et dans les ceremonies civiles et religieuses , Ed. Fr. Garnier, Paris 1883 ( extrait)
Photo : Pixabay